Microsoft, acculé par Bruxelles, joue la montre pour
sauver ses prérogatives (PAPIER D'ANGLE)
Par Amandine AMBREGNI
NEW YORK (Etats-Unis),
Après avoir joué pendant des mois avec la patience
des services européens de la concurrence, le numéro un mondial
encourt une astreinte journalière correspondant à
Comme à son habitude dans la longue saga de ce
procès, Microsoft a cherché à gagner du temps, indiquant,
après s'être vu imposer par Bruxelles un ultimatum au
"Microsoft a un énorme intérêt à
ralentir le processus", fait valoir une source proche du dossier à
Bruxelles. Les dirigeants du groupe "restent toujours très
accommodants sur la forme, tout en continuant à ne rien lâcher sur
le fond".
Accusé d'abus de position dominante, le groupe doit
commercialiser une version de son système d'exploitation vedette Windows
sans le lecteur de logiciels audio et vidéo Media Player.
Microsoft doit surtout divulguer des informations permettant
l'"interopérabilité" de Windows avec des produits
concurrents. Il s'agit ici pour Microsoft d'ouvrir l'accès au
sacro-saint code source de son système d'exploitation.
Si le groupe de Redmond a accepté de payer en
décembre
"Microsoft a bâti son coeur de métier sur une
architecture de base, à laquelle il ajoute des éléments
complémentaires inhérents, comme le Media Player ou le navigateur
Internet Explorer, ce qui lui permet de verrouiller ses clients sur toute une
chaîne de produits", résume Joe Wilcox, analyste
spécialiste de Microsoft au cabinet Jupiter Research.
"On peut en déduire que Microsoft se bat avec
acharnement pour modifier le moins possible un modèle économique
qui lui vaut aujourd'hui de faire un milliard de dollars de
bénéfices par mois", relève la source industrielle.
"Microsoft a sans doute aussi voulu tester la
ténacité de la nouvelle équipe à la Commission, et
vraisemblablement, c'est un tort", selon elle.
Officiellement, Microsoft a mis au point une version de Windows
sans Media Player. Reste que cette dernière, qui doit être
validée par la Commission, doit être tout aussi attrayante que la
précédente version, ce qui fait partie des points d'accrochage
avec Bruxelles.
"Microsoft a tout fait pour décourager les clients d'acheter
cette version", fait remarquer la source industrielle.
A plus long terme, "ces mesures créeraient un
précédent dangereux pour le groupe", renchérit Joe
Wilcox, "alors que le règlement conclu avec le département
de la Justice américain en
"Je ne serais pas étonné que Microsoft paie
l'astreinte en attendant la décision de son appel, qu'il espère
en sa faveur, ce qui annulerait les mesures correctives", ajoute cet
analyste.
"Je doute que Microsoft entre dans ce jeu", estime au
contraire le professeur Nicholas Economides, de la Stern Business School
(Université de New York).
"Microsoft doit respecter la décision de justice, et
la décision en appel n'est pas attendue avant la mi-
"Les négociations, complexes sans aucun doute, doivent
porter sur les informations à rendre accessibles, et sur la
possibilité d'en mettre certaines sous licence, et à quel
prix", suppose-t-il.
aa/vog/jri/ft